L’hypersensible ressent tellement de choses et tellement fort qu’il aura souvent pris l’habitude de se divertir, vite, prendre quelque chose, quelqu’un, souvent compulsivement : relation, drogue, alcool, réseaux sociaux, travail, nourriture, n’importe quoi qui puisse l’anesthésier, faire taire le ressenti.
Un ressenti qui, reconnu, apprivoisé, maîtrisé représente un trésor d’informations pour Lui, pour le monde.
Il est temps que les hypersensibles se réveillent et s’allient à cet Autre, ennemi, a priori.
A tous les hypersensibles et… Les chevaliers aux armures d’or qui les accompagnent les soutiennent, les aident, les aime…
A ce lien profond qui les unit, bien malgré eux parfois et contre toute apparence 🙂
Je parle de Toi, de Moi, de Lui, de Nous…
Elle avait appris à vivre à travers l’autre, ressentir ses peines, ses joies, aimer avec lui, avec elle : le foot, la musique, le tennis, le roller, la peinture, l’écriture… Qu’importe !
Elle avait cette faculté à ressentir la passion qu’éprouvait l’autre et c’était trop bon.
Elle pouvait aussi, ressentir quand il avait de la peine. Et là, c’était nettement moins bon… Elle avait trouvé le moyen d’alléger cette peine, d’en prendre un peu sur elle, de faire des blagues, sourire, danser, n’importe quoi qui éloignerait l’autre de ce ressenti si difficile.
Elle ressentait tout si fort, tellement fort.
Ce soir-là la déception est grande, elle prend son cahier, essaie de se rassurer, de positiver comme elle sait si bien le faire mais elle sent qu’il est temps.
Oui, elle a appris désormais à accueillir aussi tout cela, de lâcher, tout ce poids, ces challenges constants : courage, positiver – tenir -, rigoler – tenir -, être bien – tenir -.
C’en était devenu une discipline militaire : au lever, le matin, la journée, le soir, elle traquait chaque petite parcelle de négativité en créant de belles pensées, des sourires, du positif, de la gratitude, elle avait acquis mille techniques, qu’elle savait savamment distiller selon les situations.
Elle prend son cahier
– ce soin a vraiment été pourri –
elle écrit :
mais c’est comme ça la vie sur terre, c’est lent, tu évolues petit pas par petit pas voyons –
Rrrrrrrgggrgrrr, cette voix mielleuse, rassurante, elle commence à l’exécrer, elle aurait envie de crier, de lui dire que c’était bien un soin pourri
– mais voyons, tu sais bien que l’ego et bla bla bla bla.
Son cœur hurlait, elle commençait à bouillonner, de cette sensation brûlante qu’elle connaissait bien.
Dormir. il lui fallait dormir, c’était trop fort, dans ces moments, elle avait l’impression qu’elle allait mourir ou ne plus jamais sortir de son lit.
« Je suis chargé d’électricité
Si par malheur au cœur de l’accélérateur
J’rencontre une particule qui m’mette de sale humeur
Oh non, faudrait pas que j’me laisse aller »
Elle avait mille et une techniques pour s’endormir dans TOUTES les situations, ça, c’était vraiment un super pouvoir, elle en avait conscience, sans medoc, sans rien.
Elle s’endort.
Oh dieu que c’est si bon de dormir, de sentir cette légèreté (elle avait cette faculté d’avoir cette semi-conscience, même en dormant, pouvoir sentir ce divin relâchement).
Soudain Il vient se coucher. Il tousse, ça la réveille. Et avec ça, sa fureur, sa tristesse, sa colère, son désespoir qui, elle le sait et pour cela elle dort, prennent des proportions monumentales, comme une tempête gigantesque à laquelle on ne sait si on va survivre.
Elle pleure, encore et s’exhorte avec sa technique à dormir en lui disant : pourquoi m’a-tu réveillée, c’était si dur…
Sa fureur est à son comble. Bien souvent quand elle a mal, cela la plonge dans une colère monumentale envers elle-même, être noir, triste, mal, ça ne fait pas partie de sa discipline militaire de l’amour.
L’amour, l’amour, elle le découvrait pourtant ces derniers jours que ce n’était pas du mielleux, ce n’était pas du positif, toujours.
Elle le savait et c’était même ce qu’elle voulait transmettre, elle le sentait, c’était si important !
Et elle avait repris l’écoute du métal en dansant à fond dans sa chambre. Elle avait même découvert qu’elle pouvait ressentir un amour monumental en hurlant sur du métal ! En ex-joueuse de rock métal à la batterie, elle le savait même depuis bien longtemps, elle l’avait juste peut-être un peu oublié à force de pratiquer le développement personnel et la spiritualité. Les métalleux, les rappeurs (aussi qu’elle adorait) tout comme les hypersensibles levaient le voile (si douloureusement) sur la réalité de ce que nous sommes, Humains. Ils avaient la faculté de Voir ce que d’autres ne voyaient plus :
« J’peux t’lever le bandeau que t’as sous les yeux mais faut aussi que tu les ouvres
Que t’aies mal
Comme j’ai mal »
– Elle comprenait justement qu’il n’était pas nécessaire que l’Autre ait mal, comme Elle… Elle découvrait avec horreur qu’elle en aurait eu mille fois envie dans sa vie, pour que l’Autre la comprenne… –
Oui mais voilà, elle l’avait vécu, compris, seule, dans sa chambre et dans ce soin, face à cette femme, son ego, cette structure, cette même structure qui avait fait que, par profonde empathie, elle n’avait pu exprimer qui elle était toutes ces années, voilà que, voilà qu’elle se mettait à résonner avec elle, cette structure. Soudain elle avait peur d’aimer, soudain, elle avait peur de sa puissance, soudain, elle se sentait toute petite et toute la magie de ce qu’elle avait recouvré avait filé entre ses doigts. Elle s’était retrouvée à nouveau dans cette résonance avec l’Autre, sa douleur, ses peurs, son cynisme et elle avait plongé avec elle….
Elle savait l’origine de sa colère, de ce volcan intérieur , elle savait que parler lui aurait fait du bien mais c’était trop dur, trop fort.
Il la touche.
Réflexe animal, instinctif, compulsif de défenses, d’attaques ressenties mille fois dans sa vie sur cette terre remplie de violence et d’errance tout autour : elle le renvoie violemment. Elle pleure de ce geste violent, si différent de ce qu’elle ressent, de son désir d’aimer (Mais bon, dieu, c’était quoi aimer…?). Dans ces moments elle ne savait plus, elle était comme déconnectée, dans un puits sans fond, sans repères.
Elle n’hurlait pas cette fois comme un loup à terre.
Non, elle préférait dormir,
elle avait acquis cette foi profonde que quelque chose d’important se faisait.
Ce qui ne l’empêchait pas de ressentir chaque seconde son humanité qu’elle avait dévoilée, bien au contraire, son ressenti s’était même affiné.
Il revient. Il a compris. Après toutes ces années. Il n’a pas pris la colère pour lui.
Elle est si émue, dans son désespoir elle voit cette lumière si belle qu’elle fait vivre chaque jour et qui fait jaillir mille étincelles autour.
Elle parle. Elle pleure.Elle crie ses envies, celles-là même qu’elle n’osait voir, qu’elle n’osait exprimer dans cet ultime voile soulevé.
Qu’il fait mal ce voile lui confie-t-elle, je sais qu’il est bon de le lever mais bon dieu qu’il est douloureux.
Elle vit toute la scène en conscience et depuis plusieurs points de vues (serait-ce cela ce qu’ils nomment la multidimensionnalité…?) :
celui, humain, pris dans le désespoir,
celui confiant et serein,
celui au creux de son corps qu’elle ressent avec une acuité impressionnante :
son ventre.
Il brûle de l’intérieur. Alors qu’elle parle.
Il y a comme un relâchement et des contractions. Cela lui rappelle son accouchement.
Ses reins lui font mal, son ventre aussi.
Elle pleure, c’est douloureux
et ça lui fait tellement de bien.
Tous ces paradoxes, tous ces paradoxes humains qui se fondent, se mélangent, se refondent, s’unissent, s’éclairent.
Son point de vue mental aussi qui n’entrevoit aucune issue à ce désespoir en analysant tous les signes vitaux !
Rho là là, là, on est vraiment fichus.
Mais l’autre point de vue est là :
mais tu sais bien quand ça fait ça que c’est un moment de guérison majeure, y a un truc qui lâche vas-y continue !
Elle laisse sciemment parler toutes les parties.
Elle laisse sciemment celle en colère partir à “la dérive”, dire ce qu’elle a sur le cœur, cet aspect d’elle-même totalement déraisonnable, qui l’énerve tellement, incompatible avec sa vision de l’amour, du respect, de la gentillesse.
Elle laisse cette part d’elle s’exprimer : la guerre. L’Autre.
Mais qui est-il cet Autre bordel ? C’est un amputé de l’amour ou quoi ?
Rha je le comprends pas !
Elle observe depuis son hémicycle, elle écoute attentivement cette voix.
Et puis, elle finit par s’arrêter, se poser. elle reste en silence.
Elle a en-vie de se rapprocher de cet autre. De le remercier.
Pas pour sa discipline, non, ça vient tout seul.
Elle se met tout contre Lui.
Non, elle ne comprend pas l’Autre mais elle ressent dans tout son être l’union, le Lien.
Elle ressent même que cette différence cette incompréhension, cette colère en fait partie.
Elle ressent la tension que cela procure, délicieusement, joyeusement.
Mais que c’est dur et bizarre ce nouvel amour ! lui dit-elle.
Je n’ai plus besoin de toi, j’ai trouvé l’amour à l’intérieur de moi.
et… Je t’aime follement d’une manière tellement bizarre.
Elle le découvre, le reconnaît, le voit dans sa différence qui fait aussi partie d’elle.
Elle ne saurait trouver les mots. Elle se laisse aller dans ses bras. Ces bras qu’elle a refusé ces derniers temps, tant cela était explosif d’être juste à ces côtés.
Cet Autre.
Qui n’est plus une projection, ou un prolongement ou un fantasme.
Mais Lui, simplement, crûment.
Elle avait envie de dire ce que ça faisait d’aimer ainsi, à quel point c’était étrange, à quel point c’était beau…!
Il n’y a avait donc pas de guerre ou… il y en avait une à découvrir, à déterrer, explorer et cela lui permettait d’aimer !
Au petit matin elle se réveille avec les yeux gonflées de grenouille.
Elle sourit. Il sourit. Son fils se joint à eux, à ce gigantesque câlin de ces lendemains d’exploration, de guérison.
Elle est différente.
Son ventre…
Mon dieu son ventre. elle le sent comme elle ne l’a jamais ressenti.
Il est comme tout relâché, comme un nuage, une barbe à papa.
Elle sent sa douce chaleur.
La discipline est partie, comme ça fait du bien,
c’est un peu étrange mais elle sent qu’elle n’en a plus besoin, elle la remercie intérieurement avant de la laisser filer.
Elle ressent un relâchement..
De ces relâchements – dit-elle – qui vous donnent l’impression que vous allez mourir ou tout lâcher, tout laisser tomber.
Oui en effet, c’est alors un sacré truc que vous lâchez mais sans aucune conséquences désastreuse sur votre vie, bien au contraire. 😉
Aimer, ce n’est pas seulement respecter l’autre tel qu’il est,
c’est aussi se respecter Soi et oser l’exprimer face à l’Autre.
L’amour naît précisément de ce point de rencontre entre
Toi&Lui
Bisous d’amour à vous tous ❤